Identifier ses émotions

Christine LE FOURN-TANGUY Par Le 01/11/2015

Dans Psychologie

"Les compétences émotionnelles", ouvrage collectif, Ed. Dunod, a largement servi de base à ce billet pour les apports en psychologie.

Dans le cadre d'un travail sur soi, nous voulons sortir de l'automatisme de réactions inappropriées. Dans cette tentative de nous défaire de réactions conditionnées par notre expérience, ce sont les émotions qui leur sont associées que nous rencontrons. En les identifiant, nous cherchons à mettre de la conscience sur les schémas mentaux les sous-tendent. Ensuite, nous pouvons amorcer des changements et, par exemple, décider d'affronter progressivement une peur qui nous inhibe et nous barre l'accès à des réalisations personnelles.

Voyons comment la psychologie nous aide à comprendre notre dimension émotionnelle.

A quoi servent les émotions ?

Travailler sur soi e motions

Selon les psychologues, les émotions ont une fonction adaptative par rapport à notre environnement. Elles attirent notre attention, nous informent et nous incitent à un comportement. Par exemple, la peur nous avertit d'un danger, prépare notre organisme à y réagir et notre intellect à prendre une décision...Le neurobiologiste Antonio Damasio a étudié des patients privés, à la suite d'un accident, des centres nerveux responsables de l'activation physiologique des émotions. L'activation physiologique peut être tellement ténue que nous ne la percevons pas consciemment ou au contraire très sensible si, par exemple, si notre coeur s'emballe.

Les personnes privées des circuits émotionnels ne parviennent plus à faire des choix selon les circonstances et deviennent incapables de s'adapter au monde qui les entoure. N'étant plus freinées par la peur, elles prennent des risques inconsidérés. Tout en ayant conservé leur capacité de raisonnement, elles sont incapables d'évaluer les conséquences des options qu'elles pourraient prendre, même en disposant de toutes les informations pour cela. Cette découverte a été révolutionnaire en balayant l'idée qu'une raison purement logique, non polluée par les émotions subjectives, produirait des décisions idéales.

L'émotion serait donc un programme complexe orchestrant différents systèmes (cognitif, physiologique...) afin que l'organisme puisse répondre de façon optimale, en sélectionnant les priorités, lors de la confrontation à certaines situations.

Les déclencheurs de l'émotion

Les émotions positives nous signalent que ce que nous vivons est favorable à nos besoins, nos objectifs, nos désirs, notre sécurité physique, affective et sociale. Inversement, les émotions négatives pointent une discordance.

Une autre catégorie de déclencheurs se trouve être nos croyances, nos convictions. Nous éprouvons des émotions quand nos croyances sont heurtées. Par exemple : la nouvelle d'un meurtre contredit notre croyance que le monde est bienveillant, celle d'une injustice, contredit notre croyance que le monde est juste et, si l'on nous dit qu'au regard de l'humanité, ça n'est pas grave si nous mourrons demain, c'est la croyance que nous sommes meilleur(e) et, donc plus utile à la planète que la majorité des gens, qui est contredite.

Quelles sont les composantes d'une émotion ?

Le chercheur Suisse Klaus Sherer a proposé de décrire la manifestation d'une émotion par les cinq composantes suivantes :

  • La pensée : ce que nous nous disons quand une émotion survient.
  • Les modifications biologiques : neuronales (activation de l'amygdale...), physiologiques (rythme cardiaque, température...) et neuro-végétatives (transpiration, oppression...) provoquées dans notre corps.
  • Les tendances à l'action suscitées : envies de fuir, de rire...
  • Les modifications expressives et comportementales : expressions faciale, gestuelle, posturale et de la voix.
  • L'expérience subjective, c'est-à-dire le ressenti identifié, par exemple : Je ressens de la joie.

Comment identifions-nous nos émotions ?

Il faut tout d'abord s'ouvrir à ses émotions, accepter de les ressentir et d'en extraire la valeur informative. Notons que l'étendue du vocabulaire émotionnel est à la fois une cause et une conséquence de l'aptitude à identifier ses émotions.

Nous identifions nos émotions grâce aux pensées et aux sensations qui les accompagnent et à la tendance à l'action qu'elles suscitent. Les sensations et les tendances à l'action constituent un niveau de conscience primaire. Identifier et nommer des émotions voire des complexes ou des mélanges d'émotions, que ce soit les siennes ou celles d'autrui constitue, un niveau de conscience plus raffiné. A un niveau primaire, en remarquant seulement les sensations, on dira que l'on se sent malade. A un niveau secondaire, on dira que l'on se sent mal ou que l'on est triste ou que l'on éprouve de la tristesse et du regret mêlés, selon sa capacité à apprécier la complexité de ses expériences émotionnelles.

Pourquoi est-ce important d'identifier ses émotions ?

Si nous combattons un état émotionnel en essayant de l'éviter ou de le refouler, il ne disparaît pas mais, au contraire, s'amplifie et devient de plus en plus ingérable.

Identifier nos émotions constitue le premier pas pour les réguler c'est-à-dire modifier notre expression et notre comportement.