Propos sur la méditation - Vimala Thakar

Christine LE FOURN-TANGUY Par Le 06/01/2017

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Vimala Thakar (1923 - 2009) enseignante et auteur spirituel indienne, influencée par Jiddu Krishnamurti. Elle s'est aussi impliquée dans des actions sociales dans son pays.

Extrait d'une causerie faite à Calcutta en 1921, le texte ci-dessous "La méditation un état d'être" est traduit de l'anglais par Françoise Mazet et Monique Tournier, Éditions Terre Blanche (1997). On peut en lire la version intégrale sur le site www.vimalathakar.fr

Vimala

Pour moi, la méditation n'est pas une activité psychophysique. Ce n'est pas la concentration qui est maintenir son attention sur un point donné et la limiter à un objet particulier. La concentration est une faculté très utile et nous devons la développer dans nos écoles et nos universités, l'enseigner aux enfants. La pratique de la concentration aiguise l'intellect, renforce toutes les facultés du mental, enrichit la mémoire.

Quand on me demande : "Comment méditez-vous ? Y a-t-il une méthode ?" Je supplie de comprendre que la méditation n'est pas une activité de l'esprit ou du corps. C'est un état d'être dans lequel on peut grandir, grandir totalement. C'est un état où le mouvement du passé en nous, du subconscient, de l'inconscient et du conscient, se fragmente, s'arrête, et fait place au silence total du mental conditionné. C'est un état de non mouvement dans la partie psycho-physique de notre être.

Nous vivons dans des structures socio-économiques où, tout le jour, on doit travailler dur, physiquement et intellectuellement, à une vitesse inhumaine. Le système nerveux, l'esprit, s'épuisent car ils fonctionnent sans répit et l'homme est arrivé à croire que bouger physiquement et intellectuellement, c'est vivre.

Le mouvement est un aspect de la vie, mais le non-mouvement également, et tout aussi important. La parole est un aspect, une partie de la vie, mais le silence inconditionnel également. Forme et non-forme, son et silence, mouvement et non-mouvement, lumière et obscurité, naissance et mort, ces paires d'opposés constituent "l'entièreté" de la vie. L'homme les a opposées et il les regarde comme des entraves à la vie. Et cependant, y a-t-il une contradiction entre naissance et mort, ou la vie est-elle une continuité, un éternel océan d'"êtreté" sur lequel flottent les bulles de la naissance et de la mort ?

Le silence est une part substantielle de notre vie, le non-mouvement est un état de notre être auquel nous n'avons pas accès. Notre façon de vivre, c'est d'amasser sans cesse, des objets sur le plan matériel, du savoir sur le plan intellectuel, de l'expérience sur le plan sensoriel et psychologique. Nous n'arrêtons pas d'amasser et le Je, le moi, l'ego se renforcent à chaque expérience, à chaque réalisation, et nous créons des barrières autour de nous par notre propre savoir, notre expérience, nos biens. Dans cet enclos, nous nous sentons en sécurité, nous vivons à l'écart, isolés de la totalité de la vie à cause du sentiment de possession.

La méditation est une façon de vivre qui nous fait accéder à cette autre part de notre vie : le silence, le non-mouvement ; elle nous introduit dans notre pure êtreté qui n'a jamais été conditionnée et ne le sera jamais.

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